Conférence d'Adeline Grand-Clément (U. Toulouse)
Dans le cadre du séminaire collectif "Antiquité, territoire des écarts",
Adeline Grand-Clément, Université Toulouse 2 Jean Jaurès (IUF), équipe PLH-ERASME interviendra sur :
{"{Over the Rainbow: les couleurs des Grecs vs le spectre chromatique de Newton"}}
Discutant : Emmanuelle Valette (Université Paris-Diderot Paris 7))
Mercredi 14 décembre2016
de 17h à 19h
Salle Lombard, 96 bd Raspail, 75006 Paris
Newton a réussi un tour de force génial : nous faire croire que l’arc-en-ciel a sept couleurs. Son Traité d’optique, exposant le fruit des expériences qu’il a menées avec le prisme, autour de la décomposition de la lumière, a ainsi profondément marqué la façon dont la culture occidentale perçoit aujourd’hui l’univers des couleurs. Accusé par certains poètes et artistes contemporains d’avoir « détissé » ou « désenchanté » l’arc-en-ciel, le savant a finalement réussi à imposer une façon de voir. Il en existe d’autres, et le monde grec en offre un bon exemple. Chez Homère, l’arc-en-ciel est « pourpre », tandis que pour Xénophane, il est de trois couleurs…
Les études menées par les ethnologues et les anthropologues dans différentes parties du monde ont mis en évidence la grande diversité des lexiques chromatiques qui existent sur la planète, et souligné le rôle que jouent la culture et l’éducation dans la construction de la perception et de la dénomination des couleurs par les différentes sociétés. C’est donc en abandonnant le cadre théorique défini par Newton que l’on peut, à l’aide des méthodes de l’anthropologie historique, comprendre la façon dont les Grecs appréhendaient les couleurs et pourquoi, chez Homère, l’arc-en-ciel est pourpre.