Que faire du passé ?
Sans polémique, l'auteur analyse l'un des paradoxes de notre époque : le passé est dévalorisé - sa connaissance ne servirait à rien dans une société moderne -, et pourtant très investi - témoin le contrôle exercé par les régimes totalitaires sur la mémoire publique. Avec l'émergence de la cancel culture de virulents débats viennent désormais de la société elle-même. C'est précisément ce mouvement que l'auteur tente de décoder, en s'intéressant à trois problèmes majeurs : la mémoire historique (statues déboulonnées, noms supprimés) ; l'arrivée des trigger warnings dans l'espace artistique et la place de l'Antiquité classique à l'université. Depuis quelques années, et dans le monde entier, nous voyons régulièrement les figures, les disciplines et les œuvres les plus prestigieuses de la culture occidentale contestées et critiquées par une minorité de jeunes militants qui exigent leur exclusion de la culture commune. En un mot, leur effacement : cancel. Celle-ci ne serait, au fond, rien d’autre qu’un système de légitimation d’un ordre patriarcal, raciste et colonial. Face à ces accusations, beaucoup sont perplexes. Pourtant, il s’agit de l’un des débats les plus importants de notre temps. Que répondre à ceux qui accusent Churchill d’avoir eu une vision du monde « raciste » ? À ceux qui font valoir que Carmen s’achève sur un « féminicide » ? Tout cela est vrai. Mais faut-il pour autant déboulonner les statues du Premier ministre britannique ou récrire la fin de l’opéra de Bizet ?