Technocraties : rationalités anciennes, enjeux contemporains
IRIBARREN Leopoldo, EHESS
Séminaire de M1-M2-Doctorat
Second semestre - le vendredi de 16h30 à 18h30
Salle 3.07, Campus Condorcet-Centre de colloques
Du 1er mars au 7 juin 2024
On associe habituellement la notion de technocratie à l’École de Francfort et sa critique d’une rationalité technique colonisant toutes les sphères de l’activité humaine, avec pour conséquence la dégradation de nos interactions éthiques et politiques. Si sa concrétisation historique est indissociable des formes du capitalisme avancé, la technocratie comme problème théorique pourrait être plus ancien qu’il ne paraît – le rapport entre l’action politique et l’agir technique est effectivement un questionnement sous-jacent de la pensée grecque ancienne, souvent négligé par l’historiographie. Des questions telles que la possibilité d’une politikê technê chez les sophistes, les diverses modélisations du politique par analogie avec les techniques chez Platon, ou encore la distinction aristotélicienne entre poïêsis et praxis, témoignent d’une réflexion sur les interactions conflictuelles et les ajustements mutuels entre technique et politique. En assumant les risques de l’anachronisme (Nicole Loraux), nous partirons des théories contemporaines de la technocratie pour soumettre la pensée politique grecque à des interrogations que les anciens n’ont pas découpées comme telles. Lestés des problèmes anciens, nous reviendrons ensuite vers le présent pour enrichir la critique de la technocratie contemporaine.