Le séminaire 2013 intitulé "Inversion, détournement et transgression. Genre et pratiques socio-politiques dans l’Antiquité grecque et romaine" s’est déroulé les 6, 7 et 8 juin 2013.
Présentation :
Qu’est-ce qu’un comportement normal en temps de guerre ou en temps de paix pour les hommes et pour les femmes ? Qu’est-ce qu’un geste attendu de la part d’une mère, d’un père ? Qu’est-ce qu’une tenue décente et conforme aux normes, selon le sexe des personnes ? Quel est le ton et la tessiture d’une voix virile et efficace ? Et quel est le genre idéal d’un amant charismatique ?
L’objectif de cette rencontre scientifique est d’interroger, avec l’outil du genre (gender), les cas exceptionnels, les pratiques hors normes, les comportements transgressifs et les situations, choisies ou subies, de détournement des codes et des usages que les documents antiques nous permettent de connaître.
Il s’agira parfois de rendre à leur « normalité » les cas trop vite considérés par les historiens comme transgressifs et anormaux : nous pensons, en particulier, aux femmes d’autorité ou aux hommes à la voix ou aux gestes efféminés que des lectures trop rapides ont réduits à un statut d’exception et ont utilisés pour déduire des normes antiques de genre… souvent bien anachroniques.
Il s’agira, surtout, en nous gardant d’énoncer trop vite des
interprétations en terme d’identité de sexe, de mettre en perspective l’ensemble des éléments qui entrent en jeu dans la présentation de la personne ou du comportement considéré comme « hors norme » ou « exceptionnel » : pragmatique du document, enjeux propres à la situation décrite, stratégies argumentatives interne au texte, caractérisation des individus en termes grecs et latins, refus d’une traduction littérale des termes de thêlus, arrên, virilis et effeminatus.
Par le biais de la question de l’inversion et du détournement des règles, les interventions de ces journées montreront que les catégories antiques d’évaluation et de perception du genre des individus relèvent moins souvent qu’on ne le pense d’une opposition simple, sur le modèle binaire hommes/femmes. D’autres systèmes de catégorisation sont à l’œuvre, qu’il s’agit de mettre au jour.