Définitions et pratiques de la transmission dans les cultures de la Méditerranée antique
Le lundi de 16h à 18h (consulter les dates)
Salle Peiresc, INHA
À partir du 25 novembre 2013
Responsables
François Chausson (Paris 1), Cecilia D’Ercole (EHESS), Madalina Dana (Paris 1)
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En 2013-2014, le séminaire du centre sera encore consacré au thème de la transmission, une notion qui est partie constituante des représentations des sciences de l’Antiquité et répond par ailleurs à des catégories internes au langage grec et romain. Transmettre, c’est envoyer, dans le temps ou dans l’espace, à travers quelqu’un qui n’entretient pas, au prime abord, une relation d’étroite proximité ou avec l’objet transmis ou avec le transmetteur de cet objet. Du moins le récipiendaire de la transmission n’est pas originellement détenteur de l’objet transmis. La relation s’articule ainsi autour de trois pôles : la provenance, la destination et le vecteur.
Derrière l’acte de transmettre, se trouve un « bien » matériel ou immatériel, donné volontairement, de personne à personne, ou, selon une temporalité plus vaste, d’une communauté vers une autre communauté par le biais de générations. À la différence de l’échange ou du don, la transmission n’implique pas de retour (contre-don ou réciprocité) mais elle peut déboucher éventuellement sur une nouvelle vie d’objets transmis dans la chaîne des générations. La voie est ainsi ouverte au domaine de l’héritage, du legs, à propos de différents « biens » dont la valeur même implique qu’ils aient fait l’objet d’une préparation de leur prise en charge par une personne choisie à cette fin (nom, filiation, adoption) du patrimoine, du métier, du royaume etc. On prendra en compte la place des femmes dans les logiques de la transmission familiale et patrimoniale (mariage, dot).
Plusieurs types de transmission s’organisent autour de la transmission orale : des savoirs, des connaissances et d’autres biens symboliques (savoir-faire, compétences techniques ou artistiques) n’ont pas toujours besoin de passer par l’écrit afin d’assurer leur pérennisation. La transmission dans le domaine du travail artisanal, au sens large, du sculpteur au médecin, n’est jamais sanctionnée par un diplôme. Le même constat s’établit pour la transmission du savoir dans les écoles philosophiques, du maître au disciple, afin d’assurer la survie de l’école. Dans cette perspective, de transmission qui assure la survie, on pourrait inscrire la naissance : transmettre la vie pour la préserver. À une échelle plus large, la survie du corps civique dépend de la transmission des usages et des pratiques, du patrimoine politique, religieux et culturel.
Les sources de notre enquête sont écrites pour la plupart, littéraires et épigraphiques (par exemple, les textes juridiques ou les inscriptions funéraires), mais aussi archéologiques : les objets plus anciens au sein d’un mobilier funéraire sont l’indice probable d’une pratique de transmission familiale entre générations. Il ne s’agit évidemment que de quelques exemples empruntés à une palette bien plus exhaustive, sur lesquels nous vous invitons à débattre.