Responsables
Nicole Belayche (EPHE)
Anne-Françoise Jaccottet (Université de Genève)
Noms des participants
Michel Aberson (Genève), Nicole Belayche (EPHE), Yann Berthelet (CNRS), Michel Fuchs (Lausanne), Anne-Françoise Jaccottet (Genève), Véronique Rey-Vodoz (Musée romain de Nyon, CH)
Ce noyau de base sera rejoint par d’autres collègues d’ANHIMA et extérieurs à l’équipe, en fonction des questions abordées.
Présentation
Avec les « pratiques cultuelles de dévotion », c’est le choix d’un mode de communication qui a été fait, communication entre un dévot et une divinité, qui laisse des traces matérielles – objet offert ou stèle inscrite, dans une matérialité qui signale et commémore l’acte dévotionnel. Par le biais de la matérialité de cet acte dévotionnel, par ces objets visibles et porteurs de message, c’est la communauté dans son ensemble qui est englobée en tant que garante, témoin, à la fois moteur et bénéficiaire indirects de cette communication.
Entre également dans ce processus de communication le lieu d’exposition de la trace matérielle de dévotion ; le cadre induit un discours, complète le message, de façon implicite, tout en conférant à l’objet un statut particulier.
L’enquête prendra en compte des documents qui proposent un double message, verbal et visuel. Les images sont naturellement perméables à des évolutions susceptibles de révéler une mouvement, une variation, un changement que les formulaires inscrits ne traduisent peut-être pas, ou pas au même moment, pas de la même manière, ne réagissant pas aux mêmes facteurs, aux mêmes stimuli de l’évolution. Les documents choisis permettront, par leur double message, l’analyse d’une communication différenciée selon le canal d’expression (formulaire ou relief), selon l’évolution propre à chaque mode d’expression.
La recherche se déploiera sur différents dossiers homogènes, provenant d’aires géographiques distinctes, tant en Orient qu’en Occident (Anatolie, Grèce, Italie, sanctuaires gallo-romains), et surtout de contextes historiques, sociaux, politiques différents, induisant ainsi des évolutions internes différenciées selon les circonstances et la temporalité des mises en contact avec des éléments ou des événements susceptibles d’amener une évolution des pratiques de dévotion et de leur expression.
Les travaux, toujours fondés sur textes et images, suivront quelques lignes de questionnements :
– Analyse de documents provenant des périodes charnières, mettant en scène potentiellement un repositionnement structurel et institutionnel à la faveur / à cause de changements ‘politiques’ et une possible modulation de la communication en fonction de l’interlocuteur (changement de paradigme géopolitique).
– Analyse des rapports entre les particuliers et les institutions (‘privé’ – ‘public’ / officiel). Place et rôle respectifs des particuliers (les « individus » ? Cf. un débat en cours) et des institutions dans les pratiques dévotionnelles et leur mode d’expression (par ex. l’importance des prêtres locaux dans le contrôle de l’expression des pratiques dévotionnelles) ; normes internes vs normes externes.
– La représentation du dieu et l’(auto)-représentation du dévot ; représentation dans un sens large, aussi bien dans le texte que dans l’image ainsi que dans le message complexe rendu par la combinaison des deux.
– La dynamique des évolutions - étude des moteurs d’une potentielle évolution : contextes géopolitique, culturel, institutionnel, etc. ; mise en contexte large (historique) pour évaluer dans quelle mesure les évolutions dévotionnelles et institutionnelles marchent en parallèle ou accusent une dissymétrie sur le plan historique.
– Entre sphère locale et régionale, entre ville et campagne ou encore entre centre et périphérie. Peut-on et si oui, dans quelle mesure et de quelle manière, mettre en lumière le mode de diffusion des évolutions ? Doit-on imaginer un modèle immuable allant toujours du centre à la périphérie ? Le « rang » du sanctuaire ou du lieu d’exposition est-il à prendre en compte au même titre ou en lieu et place du modèle de dynamique centre-périphérie ? (par « rang » il s’agit d’entendre le degré d’officialité, de prestige, de représentativité, etc.).
– Réflexions sur l’implicite et l’explicite. Tout mode de communication est forcément sous-tendu par des accords tacites. Il s’agit de mettre en évidence l’explicite (ce qui est dit, montré) ET l’implicite (ce qui ne l’est pas), ce que l’on ne dit pas, ne montre pas, parce que cela va de soi. L’implicite révèle tout autant que l’explicite, mais en creux, un code de lecture, une norme de communication, une évidence du discours qui repose sur un consensus lié au contexte d’exposition de la stèle ou de l’objet, mais aussi au cadre de société, aux institutions, etc. C’est ce consensus qui est susceptible d’évoluer au gré des circonstances historiques, politiques, culturelles, des évolutions institutionnelles, et ainsi de se traduire, indirectement –et peut-être même inconsciemment– dans les diverses façons d’exprimer les pratiques de dévotion, entre implicite et explicite.
Projets réalisés
Présentation générale (méthode et objectifs) du thème lors de l’Atelier prospectif CHRONOS, les 24-25 janvier 2014, Paris, INHA.
Dépôt d’un projet franco-suisse « Germaine de Staël » en avril 2015.
Perspectives
Dans le cadre de la collaboration franco-suisse, la recherche (2016-2018) débouchera sur l’organisation d’un colloque conclusif à Paris, pour lequel l’Ambassade suisse sera approchée.