Organisé par Manon Brouillet (EHESS), Marcello Carastro (EHESS) et Pierre Judet de La Combe (EHESS)
http://corhali.hypotheses.org
Du 10 au 13 juin 2015
En résidence à Saint-Pierre les Nemours (77)
→ Télécharger le programme
Si les rapports entre texte et image ont fait l’objet d’importants travaux de recherches, notamment en histoire de l’art, une réflexion collective est encore à mener dans le domaine de l’Antiquité grecque. Suivant la tradition antique, notamment à partir de la seconde sophistique, on s’est souvent centré sur la rivalité entre texte et image, en tentant de montrer comment l’un représente l’autre ou en les confrontant autour d’une thématique commune. Or, l’image n’est pas une illustration du texte, tous deux mettent en jeu des modes de significations différents qu’il s’agira d’étudier. Et ce, à partir des objets.
Comment se construit un objet, iconique ou textuel, en Grèce archaïque ? Comment un artiste forge un artefact par son chant ou par son geste ? Et en quoi cet artefact est directement identifiable en tant qu’objet, dont la présence illustre les processus
de création, d’inspiration et met en jeu un rapport avec l’invisible ?
L’objet figuré se présente dans toute sa singularité, mettant en scène son caractère clos et parfait. Dans le texte épique, des moments iconiques surgissent qui soulignent le contraste avec la temporalité de l’action. Parallèlement, sur les vases peints la mise en espace des objets crée des modes de temporalité. La confrontation des deux supports sera l’occasion d’une réflexion sur la question de la figuration.
En mettant à distance la notion de représentation et en dépassant la rhétorique de l’objet clos, on se propose d’analyser les artefacts en tant que « dispositifs » pour en saisir toute la complexité (spatiale, temporelle, rituelle, etc.) et mettre en lumière les stratégies énonciatives et visuelles ainsi que leur dimension sensorielle. Nous pourrons ainsi penser l’objet non seulement comme un lieu de relations, mais aussi comme le foyer d’agentivités diverses que la figuration de l’objet permet de présentifier. À l’exemple de l’objet cultuel, l’objet construit par l’image ou par le texte devient ainsi un enjeu de la présentification de l’invisible.
Cette manifestation sera enfin l’occasion de s’interroger sur nos propres démarches : qu’est-ce qu’interpréter quand les supports et les pratiques sont différents ?