"Divinités de la structuration du territoire à Athènes (suite) : Dionysos"
Le mardi de 9h à 11h
Salle Fabri de Peresc, INHA
Séances les 8, 15, 22 et 29 mars, 5 et 12 avril 2016
Le paysage urbain et rural est marqué par les lieux de culte, qui constituent souvent un signal visuel. Ils peuvent se trouver sur une voie centrale, dans un lieu de passage, dans un lieu défini comme sacré, représentant ainsi les cultes poliades, ou bien dans un lieu excentré indiquant les limites d’un territoire. La religion permet de comprendre certaines questions générales de l’histoire antique parce qu’elle était présente dans toutes les communautés, comme un élément central de la vie quotidienne, civique ou sociale, associé à toutes les activités humaines. Chaque dème avait son lieu de culte avec ses propres pratiques et traditions qu’on cherchait à perpétuer en les intégrant d’une époque à l’autre dans les nouvelles formes sociales et politiques. Le lieu défini comme sacré est visible et délimité : un sanctuaire avec son péribole, un bois sacré, une terre sacrée (gè méthorios). Pour étudier comment s’articule l’espace athénien, à l’époque où la ville se transforme en centre civique pour le territoire de l’Attique, et essayer ainsi de comprendre les étapes de cette évolution, nous nous sommes appuyés sur l’examen des dispositifs rituels concernant deux divinités : Déméter et Artémis. Nous voulons compléter cette étude par les vestiges archéologiques et les mythes qui concernent Dionysos. Le choix d’aborder la problématique par l’aspect rituel résulte du fait que ces dispositifs ont laissé d’importantes traces, relativement précises, archéologiques et épigraphiques.
Dionysos
L’étude de P. Vidal-Naquet, Le Chasseur noir, Paris 2005 (1981), sur les parcours et les rites accomplis dans l’espace limitrophe entre l’Attique et la Béotie par les éphèbes dans l’Athènes de la basse époque hellénistique, a montré la persistance dans le temps des phénomènes de réélaboration des espaces « marginaux » et des rites qui leur étaient associés. Ceci a été vu de nouveau vu lors des séminaires de Fr. de Polignac en 2006-2009 : le nom d’Éleuthères est souvent associé par les historiens modernes aux Dionysies d’Athènes : se fondant sur une tradition qui attribue au roi Pégase d’Éleuthères le transfert de la statue de Dionysos d’Éleuthères à Athènes ; ce transfert serait à l’origine de la fondation des Dionysies urbaines, sans doute par Pisistrate ou les Pisistratides. Néanmoins, le lien d’Éleuthères avec Dionysos n’est ni exclusif, ni évident. À la suite de ces approches, la légende du duel de Xanthos et Mélanthos, localisé à Mélainai ou à Oinoé et Panakton (Hérodote, V, 65 et Pausanias, I, 19, 3), nous permet d’enrichir cette lecture et étudier d’autres aspects de l’introduction de Dionysos à Athènes. Les vestiges au sud de l’Acropole, considérés en l’honneur de Dionysos, et les premières traces d’aménagement théâtral dans la région nous aideront à éclairer ce procédé de définition des confins du territoire et de l’introduction d’une divinité. L’ouvrage de Fr. Lissarrague, La cité des Satyres, Paris, 2013, nous permettra d’élargir certaines de ces approches interprétatives.
Le problème de terminologie : frontière, confins, paysage, topos, chôra, urbanisation, etc. sera traité avec précaution dans la suite des notions introduites cette année pour nous permettre de reconsidérer les notions de marges et des limites de territoire, de passage, si fréquemment utilisées dans l’anthropologie religieuse.