Des dieux maniables

Comment comprendre l’unique richesse des « papyrus magiques grecs » en noms et attributs divins ? Ramener ce foisonnement à un syncrétisme débordant était condamner un débat à son départ. Or, le réseau d’images et de croyances à l’œuvre dans une grande partie de ces papyrus jette une lumière précieuse sur la religiosité de leur époque, tels l’accent placé sur le langage, l’importance de l’écrit à côté d’une longue tradition d’incantations et d’hymnes oraux, l’influence de la philosophie qui avait déjà relu les dieux traditionnels à travers des filtres variables. En témoignent ici les passages qui dessinent les deux figures d’Hécate et de Cronos. L’ « évidente » présence de la première, réputée « magicienne » née, n’obscurcissait pas moins que la pénurie de témoignages autour du second – dieu déchu au profil ambigu – l’évaluation de leurs rôles respectifs. Le parcours attentif de leur élaboration en puissances sur-efficaces réserve bien des surprises.