Organisée par Madalina DANA (U. Lyon 3)
Du 31 janvier au 1er février 2020
Salle Vasari, INHA
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Dans l’une de ses lettres, Cicéro fait le point sur les correspondances qui se rejoignent dans un point commun : Epistularum genera multa esse non ignoras, sed unum illum certissimum, cuius causa inventa res ipsa est, ut certiores faceremus absentis, si quid esset, quod eos scire aut nostra aut ipsorum interesset (Ad. fam. 2.4.1). Le rôle des lettres est donc celui d’entretenir une relation, resserrer les liens, donner des nouvelles ou en demander, mais aussi de traiter diverses affaires, demander de l’aide, recommander certaines actions ou exiger l’exécution d’un ordre.
Conservée sur un support matériel plus ou moins périssable, la lettre privée est censée être lue par le destinataire seul ou par un petit cercle et avoir un impact sur ces derniers. Les supports sont variés : papyrus, ostraka, tablettes en terre crue, tablettes de bois, plomb. Ils couvrent toute la Méditerranée antique : l’Orient mésopotamien, assyrien et perse, le monde grec intégrant les espaces touchés par la colonisation archaïque et par la conquête d’Alexandre le Grand, Rome et son empire, depuis l’Âge de bronze jusqu’à l’Antiquité tardive. Si l’échelle est vaste d’un point de vue spatial et temporel, le but est de proposer une perspective comparatiste concernant l’emploi des supports mais aussi les pratiques que ces espaces se partageaient. On pense notamment à la forme et à l’évolution du formulaire de la lettre, pour lequel des transferts ont été opérés d’un espace à l’autre. Pour que cette perspective comparatiste soit encore plus probante, deux études se situant en dehors de cette période viendront compléter le tableau déjà vaste de la correspondance privée documentaire.
Les lettres qui retiendront notre attention sont échangées entre de parfaits inconnus, à quelques exceptions près. Inconnus de l’histoire, ils ne sont pas nécessairement des personnes socialement humbles : certains sont riches et détiennent un réseau étendu. La correspondance qui nous intéresse est majoritairement une correspondance d’affaires (la gestion d’un domaine ou d’un réseau commercial) ou qui touche à la vie quotidienne (le milieu militaire, par exemple, fournit de détails surprenants). Ces informations sont d’autant plus précieuses quand on sait que l’histoire passe vite sur ces anonymes.
Cette rencontre se propose de jeter une nouvelle lumière sur les sociétés antiques, sous un angle particulier qui est celui de la correspondance mais dans une perspective d’histoire sociale, économique et culturelle, incluant les analyses de genre et la micro-histoire.