Séminaire Master-Doctorant associé à la chaire «Religion, société et institutions dans le monde grec»
de François de Polignac (EPHE)
"Le Pélargikon d’Athènes: une zone sacrée"
Le mardi de 9h à 11h
Salle Fabri de Peiresc, INHA
6 séances à partir du 9 novembre 2021
Programme :
・9 novembre 2021 : Introduction au sujet : l’Acropole d’Athènes, l’intérêt géologique su site; enjeux modernes
・23 novembre : Sources textuelles
・30 novembre : Vestiges archéologiques
・7 décembre : Revenons à la légende: les Pélages à Hymette, à Brauron et en Thrace
・14 décembre : Présence des Kérykes, contrôle éleusinien d’un espace à caractère polyvalent
・ 4 janvier 2022 séance reportée : Conclusion : la consolidation du territoire trouve ses arguments dans les zones sacrées; Le Pélargikon définit non seulement l’Acropole comme colline sacrée, mais aussi le centre d’Athènes par rapport aux régions de l’Attique.
Descriptif :
La structuration de l’espace urbain est aussi ancienne que l’appropriation du territoire que cet urbain est censé centraliser. L’établissement sur un lieu ne fut pas le résultat linéaire des conquêtes successifs, mais plutôt une redéfinition permanente des frontières et des fonctions des terres. Un des rares moyens d’étudier ce processus sont les récits topographiques, comme celui des Pélasges, peuple marin qui construisit les murs de l’Acropole d’Athènes. En échange de leur travail gigantesque, les Athéniens leurs accordent les terres au pied de l’Hymette. Les récits se construisent sur une opposition évidente : la ville (asty) et la chôra. Les Pélasges sont invités à construire le mur de l’Acropole au centre de la ville, en échange d’une terre au pied de l’Hymette, dans une région considérée lointaine. Cette terre peut être du côté ouest comme du côté est de la montagne d’Hymette, sur le chemin des petits arktoi vers Brauron. On se trouve alors devant un exemple de structuration hiérarchique du territoire et on peut discerner le processus d’invention du paysage religieux : ce n’est pas la distance par rapport à la ville, mais c’est la valeur de chaque lieu qui devient le critère des liens dans le territoire. Malgré le sol aride, ils réussissent à le rendre productif et rentable. Les Athéniens étonnés revendiquent les terres et chassent les occupants étrangers. Une série d’événements suivent, plus ou moins violents, marquant des étapes de conquête et d’appropriation des terres qui s’intègrent progressivement au paysage athénien. Ce récit porte les traces archaïques de la domination athénienne sur le territoire de l’Attique vers l’Est. D’autre part, dans l’étude du Pélargikon on constate la référence aux dieux éleusiniens et aux Kérykes : Pollux, Onomastikon, VIII, 101 ; l’inscription IG I3 78 ; le culte d’Asclépios est admis dans la région gérée par les Kérykes et son culte est mêlé à celui des dieux éleusiniens ; l’inscription sur le monument de Télémaque mentionne les Kérykes, etc. De la même manière, si l’on accepte l’idée que le Pélargikon était administré par des autorités éleusiniennes et qu’il fut lié aux cultes éleusiniens, on y trouve encore un échange entre le centre civique et la périphérie.
Notre étude vise à comprendre comment les lieux changent de forme et de caractère et comment chaque époque laisse les marques de sa propre interprétation des noms et des traditions. Le passage de pélasgikon (avec s) à pélargikon (avec r) reflète aussi, peut-être, l’assimilation progressive, dans la tradition, des Pélasges aux cigognes et le passage d’une terre habitée et exploitée à un espace sacré et protégé. Le Pélargikon à l’intérieur du Péripatos se trouve donc entre l’Acropole et la cité et entre la ville et la chôra. Il symbolise la différence entre le sacré et le profane, ainsi que la différence d’habiter la ville ou la campagne. L’espace inclus dans le Pélargikon est un territoire entre deux, dont le caractère a changé au long des siècles.
Pour toute information, contactez Despina Chatzivasiliou : despina.chatzivasiliou@college-de-france.fr