Journée d’études commune à plusieurs directions d’études de l’EPHE -– Section des Sciences religieuses.
Mercredi 3 novembre 2022 de 10h à 17h
Salle Vasari, INHA
Programme :
10h-12h30 : Conférence de Manuel de Souza, UJM/HiSoMA UMR 5189 : “Religio au regard de religiosus dans le monde romain antique”
14h-17h : Table ronde : les doctorant.e.s et les directeurs et directrices d’études EPHE présentent quelques pistes de réflexion sur le concept de religion dans les différentes aires culturelles.
Avec Marianne Bujard ; Vincent Eltschinger ; Vincent Goossaert ; Ivan Guermeur ; Matthias Hayek ; Vassa Kontouma ; Maria-Grazia Masetti Rouault ; Gabriella Pironti ; Francesca Prescendi.
Résumé de la conférence de Manuel de Souza, “Religio au regard de religiosus dans le monde romain antique” :
Nos discours scientifiques modernes ont recours à la notion de religion pour désigner une catégorie de choses, problématique à définir, mais dont l’usage est général. Il n’est pas question ici d’interroger ce que nous entendons aujourd’hui par religion, du moins pas directement. Mon propos est plus limité. Il s’agit de revenir sur l’étape romaine antique de l’histoire sémantique de religio, mot à l’origine de la notion de religion dans de nombreuses langues, au-delà du monde linguistique roman. La religion médiévale, christiana religio, s’enracine et se construit sur un terreau antique complexe, autant sur le plan sémantique que pratique ou théorique. Le mot n’est pas inventé par les auteurs chrétiens et son histoire en contexte polythéiste s’avère riche d’enseignements. L’histoire sémantique de religio dans la Rome antique a été mise en perspective par les travaux des linguistes et des historiens, d’Émile Benveniste à Georges Dumézil ou Maurice Sachot. L’originalité archaïque de la religio, l’émergence du concept à la faveur d’un moment cicéronien et son articulation à l’acception chrétienne ont été particulièrement explorées et soulignées.
Je reviendrai sur ces aspects avec un regard légèrement décalé mais finalement recentré. L’étude du dérivé religiosus, littéralement « plein de religio », permet d’établir plus nettement le paysage sémantique complexe qui s’attache à la notion et sa tectonique au cours de l’histoire romaine. Ce processus continu de définition et d’usage peut être en partie saisi par la critique historique des sources et témoigne d’une profonde réévaluation du « religieux » dans la société romaine. Dans un second temps, j’essaierai de montrer comment l’histoire des mutations du religieux nourrit et affine le regard sur la religio romaine.