Responsables
Clara Berrendonner (Université Paris 1)
Monique Dondin-Payre (CNRS)
Nicolas Tran (Université de Poitiers)
Présentation
Le programme « Fondements économiques et sociaux des communautés civiques » a été créé en 2010 afin de fédérer les chercheurs de l’UMR qui, dans le cadre de différents programmes conduits durant les quadriennaux précédents par M. Cébeillac-Gervasoni, M. Dondin-Payre et M.-Th. Raepsaet-Charlier, avaient étudié, principalement à partir de la documentation épigraphique latine et à l’échelle de l’Occident romain, le processus de romanisation et la « mécanique » de ce qui constituait la cellule fondamentale des territoires contrôlés par Rome, la cité. Il s’agissait désormais d’examiner les communautés locales non seulement comme un corps civique dont on voulait cerner les composantes et les caractères structurels ou comme un organisme politique dont on essayerait de reconstituer les procédures institutionnelles, mais comme une res publica au sens matériel du terme, c’est-à-dire un patrimoine commun aux citoyens, et comme une uniuersitas, autrement dit une entité collective dont les juristes romains ont progressivement élaboré la définition entre le début du Ier siècle av. J.-C. et le IIIe siècle de notre ère.
Le programme s’est à cette fin organisé en deux groupes de travail, respectivement nommés « Patrimoines publics et patrimoines privés dans les cités de l’Occident romain » et « Les Augustales ». Le premier groupe s’est donné pour mission de préciser les catégories à partir desquelles les Romains pensaient les patrimoines civiques, par comparaison avec les patrimoines des particuliers, des temples ou de l’Vrbs. Cette première étape doit déboucher sur l’étude, appuyée sur la documentation épigraphique, de la formation, la composition et la gestion du patrimoine des communautés locales. L’atelier « Augustales » se propose pour sa part d’analyser certaines entités collégiales ressortissant à la fois du public et du privé (en l’occurrence les « Augustaux », prêtres subalternes du culte impérial qui présentaient la spécificité d’être nommés par les autorités municipales, d’être organisés sur un modèle calquant les institutions civiques, d’être qualifiés comme ordo, donc groupe ayant vocation à accomplir des tâches de caractère public, et dont le patrimoine, à la fois comme individus et comme corps, alimentait celui de la cité). L’objectif est de comparer l’organisation et le fonctionnement de ces collèges « semi-publics » avec celui des communautés civiques, et de comprendre en quoi l’existence même de ces collèges était constitutive de l’identité des cités dans le monde romain.
Manifestations
Depuis janvier 2010, le programme a donné lieu à différentes manifestations :
➝ 12 mars 2010
Une journée d’études fermée, commune aux deux groupes de travail, s’est tenue au Centre ANHIMA.
4 communications y ont été présentées :
S. Estienne (ENS) : « Les ‘biens’ des sanctuaires civiques »
J. Dubouloz (Université Aix-Marseille I) : « L’eau à Ostie et l’intervention de la cité »
Emm. Rosso (Université Aix-Marseille I) : « Les monuments funéraires des Augustales »
Fr. Bérard (Univ. Lyon III) : « Les Augustaux de Lyon »
➝ 20-22 octobre 2011
M. Cébeillac-Gervasoni, L. Lamoine et Cl. Berrendonner ont organisé à Clermont-Ferrand, en collaboration avec le CHEC, un colloque international intitulé « Gérer les territoires, les patrimoines et les crises », qui a réuni une quarantaine de participants anglais, espagnols, français, italiens et suisses. Le propos de cette rencontre était de déterminer si les autorités locales, dans le monde romain, disposaient des instruments et des compétences nécessaires pour affronter les problèmes récurrents qu’elles avaient à résoudre.
La 2e section du colloque (« Gérer les patrimoines »), coordonnée par Cl. Berrendonner, a permis de développer les thématiques étudiées dans le cadre de l’atelier « Patrimoines publics et patrimoines privés » d’ANHIMA.
Les communications présentées ont été les suivantes :
2.1. Les caractères structurels des finances civiques
. Cl. Berrendonner : « L’invisible aerarium des cités italiennes »
. N. Tran : « Finances et patrimoines des Augustales : à propos d’un montage entre finances publiques et associatives à Nîmes (AE, 1982, 680) »
. J. Andreau : « Les cités de l’empire possédaient-elles de l’argent qu’elles prêtaient à intérêt ? »
2.2. Les difficultés de l’administration des fonds et des patrimoines civiques
. J. F. Rodriguez-Neila : « La gestion financiera municipal entre el control, el dispendio y la necesidad »
. A. Sartori : « Gestire il territorio per gestire il patrimonio per gestire le crisi (e il potere) »
. M. Christol : « Prévenir et guérir les embarras du forum : l’Aequitas »
. M. Aberson : « Bâtiments publics inachevés : crises et solutions »
. A. Buonopane : « Vetustate delapsum : degrado urbano e interventi imperiali nel III secolo d.C. »
Les actes du colloque « Gérer les territoires, les patrimoines et les crises » sont en voie de publication aux Presses Universitaires Blaise Pascal de Clermont-Ferrand, sur la base d’un co-financement entre l’UMR ANHIMA et le CHEC de Clermont. Le volume devrait être disponible en fin d’année 2012.
➝ 10 décembre 2011
À l’initiative de Cl. Berrendonner, une table-ronde intitulée « L’attraction des patrimoines privés par les patrimoines civiques dans le monde romain » s’est tenue au Centre ANHIMA. Animée par N. Tran, elle a donné lieu à 9 communications, qui seront publiées courant 2013. Le programme se composait de :
. Cl. Berrendonner (Université Paris I-Panthéon-Sorbonne) : Introduction
Section 1 : « Evergésies et sommes honoraires, indispensables apports des ressources privées à l’équilibre des finances publiques ? »
. Fr. Van Haeperen (Université catholique de Louvain) : « Des patrimoines privés vers le patrimoine civique : le cas d’Ostie »
. B. Goffaux (Université de Poitiers, Casa de Velasquez) : « Propriétés privées et espaces publics dans les cités de Bétique »
. C. Blonce (Université de Caen) : « Le financement de la parure urbaine dans les cités provinciales à l’époque impériale : l’exemple des arcs monumentaux »
. Cl. Briand-Ponsard (Université de Caen) : « La somme honoraire dans les provinces africaines entre volontariat et obligation »
. J. Dubouloz (Université Aix-Marseille I) : « Les enjeux juridiques de l’évergétisme testamentaire : entre utilitas publica et intérêts familiaux »
. Fr. Sudi-Guiral (Université Blaise Pascal, Clermont-Ferrand) : « Le passage des esclaves des familiae priuatae vers les familiae publicae »
Section 2 : Les sanctions patrimoniales, dans les cités du monde romain et à Rome même
. M. L. Bonsangue (Université de Picardie) : « La Lex Vrsonensis, 76. »
. Cl. Bur (Université de Strasbourg) : « Les aerarii »
. M. Bats (Université Paris I-Panthéon-Sorbonne), Y. Berthelet (Université de Rouen) : « Publicatio et consecratio bonorum dans le De Domo de Cicéron »
➝ Les travaux de l’équipe formant le second atelier du programme ont été consacrés à la réalisation d’un livre sur les collèges. Les textes de douze articles ont été remis à Ausonius Éditions, et le livre devrait être disponible à l’été 2012. Intitulé Collegia. Le phénomène associatif dans l’Occident romain, l’ouvrage se penche sur des contextes géographiques très variés (italiens, ibériques, gaulois, balkaniques et égyptiens) et propose plusieurs études transversales.
➝ Les activités du programme se termineront à l’automne 2013 avec un colloque international consacré aux Augustales. Il sera fondé sur un partenariat et un cofinancement entre ANHIMA et HERMA (équipe d’accueil EA 3811 des antiquisants de l’université de Poitiers).